Lila Bettin
Peinture

" D’abord, il y a eu le désir, une pulsion, une passion devenue nécessité.
Peindre, un voyage intérieur nourri par mes émotions, mes rencontres, ma mémoire, mon instinct, mon imagination.
La sincérité et l’intimité s’installent devant ma toile. Les pinceaux,
les couteaux dansent leur joie d’exprimer les sensations les plus douces, les plus patientes.
La gestation prend son temps. Et soudain voilà révélée la création, une trace.

​Moment délicieux de solitude avant d’offrir aux regards ce lien entre mon univers et le visiteur qui s’attarde. "

Claire Roger
Céramique nériage

L’argile est colorée dans la masse, puis découpée en lanières, en petites plaques, cubes ou fils ténus, qui seront incorporés et assemblés les uns aux autres, à l’instar de ce qui est pratiqué pour la mosaïque ou la marqueterie. Le graphisme alors puise sa source dans la matière même pour faire corps avec elle.
L’œuvre de Claire Roger est imprégnée de ce génie à compliquer le façonnage : par plaisir, plus que par nécessité. S’il y a un peu de Pénélope en elle, par bonheur elle ne détruit rien. C’est dans peu d’espace, l’art de contenir beaucoup de temps.
Les céramiques de Claire ont l’épiderme serré des croissances lentes, la pigmentation en contrepoint de rangs d’écailles luisantes et des ergots replies sur eux-mêmes. Teintée, mêlée, torsade, puis tressée, nouée, collée et encore lamellée, drapée, la faïence chante sur tous les tons les métiers du textile et des parures du corps, pousse la ritournelle des arts décoratifs, fredonne des cantiques.
Voilà comment la contemplation déborde l’usage, voilà pourquoi le subtil ornement interdit la manipulation de ces pièces. On ne les prend spontanément qu’avec les yeux.

Jean Jacquinot